Kenzie Green - Each life has a price and I'll get you for that !

Ce que je suis ? Je ne suis pas certaine de le savoir moi-même. Quant à vous révéler mes noirs secrets, c'est une perte de temps, la liste serait trop longue et vous savez pertinemment que les mots d'ordre sont Mystère et Tromperie. Enfin... Qu'il en soit ainsi, certaines choses ne doivent jamais arriver aux oreilles de KARMA, et ce que je m'apprête à vous raconter en fait partie.

Tout d'abord, je suis orpheline. Peut-être que certains d'entre vous ont de la peine, pendant que d'autres rient de ce drame. De mon côté, ce passage de ma vie à certainement construit ma personnalité d'aujourd'hui ainsi que mes projets. Mes parents sont décédés dans la DarkZone, suite à ce que l'on pourrait appeler une « altercation » avec les Cavaliers de l'Apocalypse. C'était il y a déjà fort longtemps puisque je n'avais que dix ans. Seulement, je le revis chaque jour comme si c'était hier. Je me souviens très bien, les voir arriver, brandissant leurs armes presque dans un éclat de rire. Ma mère ? Egorgée. Mon père ? Brûlé vif. De la barbarie pour certains, un jeu très amusant pour d'autres. Mes parents étaient à l'origine des citoyens de la SafeZone. Un jour, ils ont compris que KARMA imposait sa loi et que le libre arbitre n'avait plus sa place dans ce monde devenu fou. Ensuite ? Ils ont décidé de déserter, de se bannir de ce monde et de rejoindre les insurgés lorsque KARMA eut repris le pouvoir au sein de la ville. Ils se sont défendus, corps et âme, nous vivions d'une manière peu orthodoxe, en mangeant et se douchant peu, en essayant de survivre tant bien que mal. Enfin... Vous connaissez la situation des insurgés. Et un jour... Ils sont morts. Moi ? J'ai survécu, j'aurai du mourir, tuée par les Cavaliers. Allez comprendre, un homme m'a regardée et a décidé que je ne mourrai pas ce soir là. C'est ainsi que je fus emmenée dans la SafeZone et qu'une toute nouvelle vie débuta pour moi.

Bien sur, j'ai été l'objet de nombreux tests, notamment la vérification d'une possible infection. Il s'est avéré que je suis « saine » et que mon exécution n'était donc pas obligatoire, je n'étais plus qu'une potentielle rebelle à surveiller, mais ça, KARMA le sait très bien. Aujourd'hui, je me suis formée pour la Milice Privée. Fraterniser avec mon ennemi ? C'est un peu ça. Après tout, on sait bien qu'il faut être proche de ses amis, mais encore plus de ses ennemis. Alors mon projet ? Investir au mieux les rangs de KARMA et détruire une bonne fois pour toute cette dictature...

Un brouillon sur des pages dorées

Je m'appelle Kenzie Green et je suis née dans cette matrice magique, autant vous dire que cela ne fait pas ma plus grande joie. J'ai aussi vingt-six ans depuis peu, je vous laisse donc faire le calcul. Vous racontez mon histoire ? Ecoutez donc bien les enfants, je ne l'énoncerai qu'une fois. Je suis née dans la Safezone et ai été adopté par la famille Green. Mes parents, Kelly et John, étaient au service de notre société, sous l'emprise de KARMA. Ils ont travaillé dur pour aider à construire ce que nous connaissons aujourd'hui. Seulement, comme toutes les histoires qui commencent bien, la notre a pris une tournure dramatique.

Après plusieurs années de dur labeur, mes parents ont fini par adopter un nouveau mode de pensées et de valeurs. Je n'avais alors que six ans. Ils souhaitent offrir plus de libertés aux survivants et ne supportaient plus les innombrables exécutions de ceux-ci pour cause de « non respect des lois imposées par KARMA ». Cette phrase, je crois bien l'avoir entendu un millier de fois... Aussi, ne voulant plus exercer leur travail, exécuter des humains et faire obéir la population, mes parents ont quitté la Safezone en m'emmenant avec eux. Je ne pense pas avoir besoin de vous dire ce qui était écrit en rouge et en gras sur leur dossier : « déserteurs », « kidnappeurs », « ennemis publics numéro 1 » devaient certainement refléter la description faite par KARMA aux Cavaliers de l'Apocalypse. Aussi, leur exécution était inévitable, ils devaient être abattu pour tout le mal qu'ils avaient causé ainsi que les tentatives de rébellions qu'ils avaient mis en place et que j'ignorais. Cependant, nous avons réussi à nous cacher, et ce, pendant plus de quatre ans. Durant cette période, mon père m'a enseignée la chasse, le combat, ainsi que le maniement des armes. A huit ans, je tuais mon premier infecté. Pour être honnête, la vision qu'ils me procuraient me donnait des frissons dans le dos, à tel point que j'en vomissais. Cependant, comme chacun le sait, lorsque nous n'avons pas le choix, nous nous habituons.

Je n'ai que très peu de souvenirs de ces deux premières années dans la Darkzone, mes parents disaient que je n'acceptais pas leur choix et leur en avait voulu de m'avoir ôtée le confort dans lequel je vivais en Safezone. Cependant, après mes premiers combats, mes premières parties de chasse, j'avais commencé à prendre goût à cette vie. Ni eau, ni électricité, très peu de nourriture et une méfiance à toute épreuve. Voilà la manière dont mes parents m'ont élevée. Quant à leur éducation, elle ressemblait vaguement à une guerre sainte. D'un côté les habitants de la Safezone, tous plus soumis les uns que les autres, contre les Insurgés rêvant de liberté. En trois ans, j'étais donc passée de la petite fille rêvant à son confort, à celle détestant la Safezone et l'autorité imposée par KARMA. Après tout, je n'avais que neuf ans, à cet âge, tout enfant est influençable et mes parents avaient un pouvoir de persuasion qui ressemblait fort à un discours politique rabâché jour et nuit. Ainsi, j'ai vécu un peu plus de quatre ans dans ce mode de vie et de pensées, en apprenant que le confort que j'avais connu n'était qu'une cage dorée dont mes parents m'avaient libérée.


Lorsque les hommes sont arrivés

Un beau jour, mes parents et moi étions partis en chasse pour ramener à manger et à boire aux quelques survivants qui nous accompagnaient. Malheureusement, en entrant dans un bâtiment, nous avons attiré l'attention d'infectés, et nous sommes vite fait envahir par une horde, ne cherchant qu'une chose : nous tuer. Par le plus grand des hasard, la meilleure des chances ou encore un complot bien préparé, des hommes sont arrivés et nous ont sauvé la vie, en se battant à nos côtés. Je ne comprenais pas pourquoi mes parents me disaient de fuir, une fois la horde exterminée. C'était comme si le danger ne faisait que commencer. Cependant, je gardais mon sang-froid et ne voulait en aucun cas abandonner mes parents que j'aimais tant. Ces hommes, qui se révélèrent être des Cavaliers de l'Apocalypse, connaissaient bien le visage de mes parents puisqu'ils prenaient part à cette liste. La liste des exécutions.

Ainsi, comme je vous l'ai narré un peu plus tôt, j'ai pu voir mes parents se faire tuer sous mes yeux. Je ne pouvais m'empêcher de fixer ces assassins, je ne comprenais pas pourquoi ils avaient fait ça, j'attendais mon tour, et mes jambes ne me permettaient pas de fuir. Je posais simplement ce regard sombre et froid, le bleu grisé de mes yeux sur ces hommes, tout en gardant mon calme. Pourtant, j'avais l'impression de trembler de tout mon être, d'être sur le point de m'écrouler, mais je ne voulais pas démordre du combat oculaire que j'avais mené avec l'un d'entre eux jusque là. Par la suite, je ne pourrais vous l'expliquer, mais ces Cavaliers m'ont épargnée et m'ont emmenée avec eux. Qu'avais-je fait de différent comparé à mes parents pour qu'ils me laissent la vie sauve ? Par la suite j'avais entendu parler de « don », je ne comprenais pas le sens de ce mot, d'autant plus que mes parents avaient tout fait pour m'expliquer que j'étais normale, sans différence avec les autres individus et notamment les Insurgés. Pourtant, il faut avouer qu'ils avaient toujours eu de la méfiance envers moi et en même temps un certain respect. Peut-être pour ma manière d'affronter les infectés ou encore pour la vie solitaire et sombre que je menais de mon propre gré depuis mon plus jeune âge. Je ne saurai vous dire...


« Home Sweet Home »

Toujours est-il que je n'avais que dix ans, et que je « rentrais au bercail ». Voilà les mots de celui que j'avais fixé sans m'arrêter. Je partais alors loin de tout ce que j'avais connu, du peu de souvenirs que j'avais amassé depuis ma naissance, et du peu de gens que j'appréciais. Pourtant, je restais silencieuse, impassible, sans même laisser couler une seule larme devant ces hommes. Je ne voulais pas qu'ils entrevoient une once de vulnérabilité chez moi. Je ne savais pas où j'allais, et la peur m'avait envahie, mais je ne pouvais me permettre aucun sentiment.

Arrivée dans la Safezone, j'ai rencontré plusieurs personnes, que je ne saurai reconnaître aujourd'hui étant donné l'état de choc dans lequel j'avais été plongé à ce moment. Ces individus ont effectué un nombre important de tests sur moi dont je ne comprenais pas l'utilité. Toujours est-il que j'étais finalement désignée comme « saine » et « apte à vivre en société », cependant il fallait « se méfier » de moi, étant apparemment un « individu potentiellement dangereux » à cause de mon éducation. Aussi, j'ai été envoyé dans une seconde famille d'adoption. Inutile de vous faire la description de mes nouveaux « parents » : d'une froideur sans pareil, méfiants et arrogants envers moi, autoritaires et tentant de me ramener sur « le droit chemin ». Pendant des années j'ai entendu des discours totalement contraire à ceux de mes parents. J'appelais alors mes parents adoptifs des « Pro-KARMA inutiles et sans cervelle ». Cette adoption fut compliquée, et mon adolescence difficile. Les liens que j'avais tissé avec ces gens étaient conflictuels si ce n'est inexistants.

En grandissant, je n'avais pas cessé de rechercher une liberté, ma soif d'indépendance ne faisant qu'accroître. J'arpentais les rues et connaissais la zone comme si c'était ma demeure. Mais ce n'était pas tout, mon plus grand désir était de comprendre ce qui s'était produit cette fameuse nuit où mes parents avaient péri sous mes yeux. Seulement, les adultes refusaient de m'en parler et se braquaient à chaque fois que j'osais prononcer le nom de mes parents ou de la Darkzone. Alors je fuyais. Ils me décrivaient comme solitaire, méfiante, arrogante, observatrice, vagabonde et pourtant futée. C'était bel et bien le seul compliment que j'avais reçu de leur part.

Lorsque je fuyais, je courais jusqu'à cette ruelle sombre où un bar malfamé avait pris place, une sorte de lieu de rendez-vous pour les « individus à surveiller ». Bien que je n'avais que quinze ans, j'en paraissais déjà cinq de plus. Il faut dire que ces grands yeux bleus-grisés entourés de noir et ce look gothique que j'arborais depuis pas mal de temps m'aidaient à me vieillir. Aussi, j'entrais et prenais place, connaissant le serveur comme mon père, me retrouvais bière à la main et passais des nuits entières à m'amuser. Ici, on me voyait comme une jeune fille particulièrement sociable et amusante, mais très mystérieuse au sujet de sa vie. J'empruntais toutes sortes de prénoms pour les nouveaux venus et personne n'avait jamais entendu le vrai. Enfin, à ce que je sache...


Un seul mot : liberté

Lorsque j'eus seize ans, je pris un appartement, sous surveillance d'un tuteur évidemment. Aussi, je n'eus le choix que de continuer l'école. Mais les sorties devenaient de plus en plus fréquentes et l'alcool un peu trop récurrent. Je ne trouvais pas plus d'informations sur mes parents, et sombrais donc dans une profonde déprime. A mes dix-huit, j'étais responsable de mes actes, et ne souhaitais pas continuer mes études. J'abandonnais donc l'école pour travailler en tant que barmaid dans cet endroit que je connaissais si bien. Aussi, les sous-terrains et la Darkzone étaient devenus un parc de jeux pour moi qui ne recherchais que la vérité. Je prenais de nombreux risques pour cette quête, mais y prenais un plaisir fou. Je retrouvais les sensations de cette vie, certes compliquée, mais en même temps si simple, sans règles ni lois. Je me trouvais des armes et m'aventurais à tuer un nombre important d'infectés. Je voulais que mes parents soient fiers de moi, mes vrais parents...  Aussi, je trouvais parfois des petits groupes d'insurgés, vers lesquels je n'osais jamais m'approcher. Après tout, mes parents m'avaient inculquée que la Safezone et la Darkzone étaient ennemis, plus encore que les infectés. Alors même si j'avais fait parti de leur clan, aujourd'hui je n'étais qu'une étrangère à abattre. Je les observais avec mélancolie, parfois pendant des heures. Ce train de vie a duré deux ans, deux ans qui ne m'ont apportée aucune piste.


Le dernier avertissement

Lorsque j'eus environ vingt ans, mes parents adoptifs sont venus me rendre visite, pourtant vous vous doutez bien que depuis mes dix-huit ans, nous nous étions tous comportés comme des étrangers. Leur présence me fit comprendre qu'un problème était survenu, ou allait s'abattre dans très peu de temps. Je ne faisais pas fausse route, ils venaient m'avertir que des bruits couraient à mon sujet, notamment face à mon alcoolisme naissant, ainsi qu'à cause de mes usurpations d'identité. C'était leur « devoir » de me prévenir, même si cela ne les « enchantait pas » de me revoir. Quelle preuve d'amour ! Cependant, cette dernière rencontre avait permis de me sauver la vie. En effet, après mûre réflexion, bien que hâtive de part l'urgence de la situation, j'avais décidé de reprendre mes études et d'étudier la psychologie, histoire de « me ranger ». Cette période avait duré quatre ans, et m'avait semblé très difficile. La fête et les distractions n'étaient plus aussi présentes, et les informations à récolter sur mon histoire étaient de plus en plus compliquées à recueillir ne pouvant plus y consacrer autant de temps.

C'est ainsi que j'arrivais dans ma vingt-quatrième année. Mes besoins et mes envies n'avaient pas changé, j'avais seulement appris à être plus discrète et à me mêler davantage à la population en créant moins de crainte autour de moi. Mais la culpabilité ne faisait que grandir en moi. En effet, je commençais à m'adapter à cette société mais j'avais surtout la sensation de fraterniser avec l'ennemi. L'ennemi des mes parents, KARMA. Il fallait donc que je réfléchisse et vite. Comment être heureuse sans me faire tuer ? Puis une idée me vint, j'étais douée pour le combat étant donné mon passé et pourtant mal vue par la société. Il ne me restait qu'une chose à faire : entrer dans la milice. Entrer dans les plus hauts rangs de la société, tenter d'approcher KARMA au plus près. Voilà le moyen de recueillir les informations nécessaires pour comprendre mon histoire et venger mes parents. Alors je me suis engagée dans la milice, j'ai été éduqué au pas, comme un vrai petit soldat. J'étais presque devenue exemplaire, bien que ce ne soit qu'une façade. Aujourd'hui, la recrue que je suis entame ses débuts au sein de la milice pour des raisons bien différentes des autres miliciens. Il ne reste plus qu'à espérer que j'apprenne la vérité sur mon histoire avant d'engager une guerre sainte contre KARMA et reproduire le schéma de mes parents. Car oui, j'étais bel et bien partie sur leur trace sans même m'en rendre compte...

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