Le premier jour du reste de sa vie.
Je suis couchée dans mon lit et j’essaie de dormir. C’est mon premier jour de congé depuis longtemps et le sommeil ne vient pas à moi. Pourquoi, dites-moi, est-ce lorsqu’on n’est le plus fatiguée qu’on n’est pas foutu de dormir ? Je grogne avant de changer de position. Peut-être vais-je être plus confortable, même si, pour être bien honnête j’en doute vraiment.
Après résignation, je finis par lever mon popotin de mon lit et d’aller prendre une petite marche dans les rues de la Safezone. L’air de dehors me détendra surement. Je mets un vieux jeans troués et un chandail qui date encore plus que le pantalon avant de verrouiller mon appartement et partir pour mon escapade nocturne. Pour une fois que je peux m’habiller en civil selon ce que j’aime porter et non selon un contexte bien définit, je vais en profiter. Surtout que généralement, le contexte bien définit m’oblige souvent à porter une robe et des talons. Laissez-moi vous dire que malgré l’habitude, ce genre de chose ce n’est pas spécialement pas tasse de thé. Je n’aime pas cela, mais bon, travail oblige, on apprend vite lorsque le choix n’est pas présent.
Les rues de la ville sont majoritairement désertes à cette heure. Je crois quelques passants ou quelques fêtards un peu saouls. En théorie, l’alcool est interdit dans la Safezone, mais KARMA n’est pas stupide, les gens ont besoin d’interdits dans leur vie et ce depuis toujours, alors elle laisse croire aux citoyens qu’ils font quelques chose d’illégal. Le trafic d’alcool est totalement contrôler par l’un des conseillers dans le plus grand secret. Pourquoi suis-je au courant me direz-vous ? Eh bien, lire dans les pensées comporte son lot d’avantage. Par ailleurs, ils y a quelques bar d’ouvert dans la ville, des établissements que tout le monde connait, mais dont personne ne parle vraiment. Même les employés ne savent pas qu’ils travaillent pour le compte de KARMA, seulement le propriétaire qui lui doit quelques redevances monétaire à la ville afin de la faire avancer. Mais cet aspect est commun à tous les commerces ou commerçants de la ville. Certaine personne un peu plus haute gradée dans la société n’arrive à se procurer de l’alcool en grosse quantité, mais encore là, KARMA le sait. De toute façon, tant et aussi longtemps que les gens vont y croire, c’est suffisant.
Je continue de marché et un petit vent froid me fouette le visage. J’aurais dû mettre une veste, mais en même temps, la sensation sur ma peau n’est pas désagréable. J’aime sentir les bourrasques sur ma peau. L’air qui balaye mes cheveux au gré de ses caprices. La nature est puissante et elle n’a aucun maître. Elle est libre. Et au final, elle reprendra toujours son dû. Ce qu’elle a par ailleurs déjà sur une bonne partie de la planète. Après l’arrivée de la météorite des millions de gens sont morts et toutes les constructions humaines de plusieurs régions du monde ont été mises en miette. Et puis, de la façon la plus naturel du monde la végétation à reprit ce qui originellement lui appartenait.
Je m’apprête à rentrer chez moi lorsque ma poche ce met à vibrer. Je sais parfaitement ce que cela veut dire : KARMA me convoque. À cette heure c’est un peu surprenant, habituellement elle le fait le matin. Mais bon, au final cela n’a pas d’importance. Maintenant ou demain, je vais m’y rendre quand même de toute façon.
Je bifurque à la prochaine intersection pour me diriger d’un pas soutenue vers la citadelle. Je ne vis pas tellement loin de là et en une trentaine de minute je devrais y arriver. Moi qui voulais trouver le sommeil, c’est raté, en diable la journée de congé. Maxim Rose n’a pas de journée de congé. Le pire, c’est que ce n’est pas faux. Je veux dire, je travaille pour la milice, je travaille pour KARMA de façon plus secrète, alors je suis presque toujours en mission. Jamais au repos. Mon cerveau cogite continuellement sur la suite des événements. Après je dois me demander pourquoi j’ai de la difficulté à dormir, c’est ridicule.
Après un certain temps, la tour qui était visible depuis l’autre bout de la ville, est maintenant devant moi. Je m’approche de la porte et approche mon pouce du lecteur d’empreinte. Il n’y a que les gens autorisés qui peuvent y entrer, sinon, ce doit être KARMA qui déverrouille la porte. Quoique encore, même avec les lecteurs, elle surveille quand même toutes les entrées et sorties qui se font de la citadelle. J’imagine que cela fait partie des avantages à être une IA qui peut avoir des yeux partout à la fois et qui n’a pas besoin de dormir comme un humain.
J’entre dans la tour et me dirige vers l’un des petites salles de conférences. Chacune des salles est bien isoler afin que personne ne puisse entre les paroles qui se disent entre les murs de la pièce. C’est une question de discrétion. Et puis, l’idée c’est d’éviter que les murs aient des oreilles.
J’entre puis écoute attentivement ce que l’IA à a me communiqué. J’ai une mission de surveillance sur une jeune femme de 25 ans qui s’apprête à entrer officiellement dans la milice privée. Elle a été recueillie gamine dans la Darkzone, ses parents sont des traitres dangereux qui se sont enfuie avec les rebelles après avoir commis un crime grave dans la Safezone. Les cavaliers les ont retrouvés quelques années plus tard et ils se sont fait tuer. Alors ils ont ramenés la petite fille dans la ville.
Jusque-là, il n’y aurait aucune raison de la surveiller, mais le problème c’est qu’elle montre des signes de rébellions et KARMA préfère que j’aille vérifier l’information directement à la source et si, dans le besoin, la mort s’avère être plus sûr pour le reste de la société, eh bien j’ai le feu vert pour m’en débarrasser proprement.
Elle me montre une photo de la jeune femme en question et je la reconnais immédiatement. Elle traine souvent dans le bar d’Earl, un vieil ami de mon père.
Je repars pour me diriger cette fois-ci vers les quartiers un peu plus pauvres de la ville. Ils n’avaient pas encore été rénovés dans leur totalité.
Arriver au Bar en question, je pousse les portes style saloon de l’endroit puis me dirige directement vers le bar. Earl y est et dès qu’il m’aperçoit un grand sourire fend son visage. Et je ne peux m’empêcher de lui renvoyer son sourire. Il vient à ma rencontre puis me prend dans ses bras. Je l’aime bien. Gamine, il me faisait rire et c’était l’un des meilleurs amis à mon père. Des quelques années plus jeunes. Il avait fait l’armée vers un peu avant l’arrivée de la météorite. Par ailleurs, il savait. Pas complètement, mais il savait pour moi, pour mon travail. Il est ce genre d’homme perspicace à qui il est difficile de caché quelque chose et puis, tant et aussi longtemps qu.il garde le secret, rien ne peut lui arriver. Et s’il faut, je m’en occuperai personnellement.
Il finit par relâcher son étreinte puis s’éloigne de moi, souriant.
« Alors Max, qu’est-ce que tu viens faire ici ? » Je lui souris à mon tour.
« En fait je chercher quelque chose, et je crois que tu pourras peut-être m’aider. » Je lui envoie l’image de la jeune Kenzie Green dans sa tête. Dès qu’il la voit, son air se décompose et je vois que l’inquiétude le gagne. Je vois dans son esprit l’image qu’il se fait. Il a peur que je la tue. Et vu l’amour qu’il lui porte, ça lui fait mal. Il l’a prend pour sa file. Je pose ma main sur son épaule et essai de le rassurer.
« C’est seulement préventif. Et tu sais que je ne fais pas ça sans que ce soit nécessaire. » Il hoche la tête, résigné, de toute façon, il sait pertinemment que même si lui ne me le dit pas, quelqu’un d’autre le fera.
Il me montre le vieil amphithéâtre. Je le prends dans mes bras avant de lui souffler à l’oreille.
« Ne t’inquiète pas, tu la reverras. » Je m’éloigne de nouveau de lui et m’apprête à quitter, mais une idée me vient en tête.
« Je te prendrais une bouteille d’un truc fort. » Il me fait signe d’attendre une minute et revient rapidement une bouteille a la main. Je le remercie puis lui dit une nouvelle fois de ne pas s’inquiété avant de partir.
Je sais qu’il s’en fait pour elle et qu’il a peur de ce que je pourrais lui faire, mais je ne tue pas les gens comme ça. D’abord je vérifie qu’il y a un réel danger.
Je me dirige vers l’ancien amphithéâtre. Je dévisse le goulot et prend un gorger. J’ai besoin d’avoir au minimum une haleine d’alcool. Et puis, je prend bien l'alcool, je devrais pouvoir tenir.
Quelques rasades plus tard, je suis arrivée à ma destination. J’entends des sons me parvenir de l’intérieur. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une vieille chanson salace.
« En rentrant de la chasse
A la chasse au perdrix
J'ai trouvé une femme
Une femme [...] »Je m’approche d’avantage et regarde à l’intérieur. Elle ne me voit pas immédiatement et continue de chanter à tue-tête. Je l’observe un moment. Elle est saoule et ça se voit. Ses idées sont embrouillés, mais pas indéchiffrable. Je m’approche d’avantage pour qu’elle m’entende et pour qu’ainsi je puisse commencer ma mission. Je m’installe à ses côtés, prend une autre gorgé de ma bouteille puis lui tend pour lui en proposer un peu.
« Belle prestation. » Je ne sais pas encore comment les choses vont se passer, mais bon, on verra bien.